10 mai 2011: Cinquième diner

 

C'est avec un peu d'appréhension que j'arrive vers 17h à l'hôtel pour ouvrir les vins. Le maitre d'hôtel est là, les vins sont à température parfaite, tout commence bien. La séance d'ouverture qui commence sera la plus compliquée depuis le début de mes diners. Le bouchon du Château Soutard 1945 est tellement collé au goulot que je dois l'extirper petit à petit. Les bouchons des autres vins rouges sont noirs et sentent fort la terre humide. Le seul qui sort entier c'est celui du Sassella 1929. Les bouchons des deux blancs sortent un peu plus facilement. Comme c'est souvent le cas avec de vieux millésimes, les nez sont peu flatteurs. Il n'y a guère que le Marques de Riscal 1964 qui donnent quelques notes de fruits de bon augure. Mais aucun vin n'a l'air d'avoir de défaut et je décide de ne pas toucher aux bouteilles de réserve. Le menu sera le suivant:

 

 

Ca' del Bosco Brut - Franciacorta – 1997

 

Salade de mesclun et noix de St-Jacques

Au beurre blanc provençal

Pulligny-Montrachet - Clos de la Mouchère - 1966

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Pouilly-Fuissé - Aujoux – 1973

 

Cailles des Dombes désossées et rôties

Sauce aux raisins

Marques de Riscal - Rioja - 1964

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Sassella - Valtellina Superiore – 1929

 

Carré de veau poêlé à la crème de foie gras

Légumes de saisons - pommes noisettes

Château Soutard - St-Emillion - 1945

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Château Gruaud-Larose - St-Julien – 1970

 

Parfait glacé tropical sur coulis de mangue

Château Lafon - Sauternes – 1967

 

 

 

Tous les convives arrivent à l'heure et pour accompagner mon discours de bienvenue, on nous sert le Ca' del Bosco Brut Millesimato 1997. Assemblage de Chardonnay, de Pinot Blanc et de Pinot Noir, c'est un vin de méthode champenoise. Mais la comparaison s'arrête là. L'attaque est assez agréable, fraiche et avec une bulle bien présente, mais la finale est asséchante. Il manque de corps, mais donnent quand même quelques notes de pomme et de noix. Une bonne mise en bouche, mais pas de grandes émotions. Nous passons à table, et pour accompagner la salade de mesclun et ses noix de St-Jacques au beurre blanc provençal, on nous sert les deux bourgognes blancs, Pouilly-Fuissé Tête de cuvée 1973 de la maison Aujoux et le Puligny -Montrachet 1er cru Clos de la Mouchère 1966 du domaine Henri Boillot. La couleur des deux vins est magnifique avec de beaux reflets dorés. Le nez du Pouilly-Fuissé et vif, marqué par des notes citronnées, quand celui du Puligny est plus gras, sur des notes de fleur d'oranger. En bouche le Pouilly-Fuissé est frais et encore vif. Les notes citronnées du nez se retrouvent en bouche, mais il ne fait pas preuve d'une grande complexité. Il n'est pas avantagé par la présence à ses côtés du Puligny qui lui joue dans la cour des grands. Rond, gras, long, on note la présence de beaux arômes d'agrumes légèrement confites. C'est un grand chardonnay qui prouve le potentiel de garde des blancs de Bourgogne. Pour accompagner les cailles des Dombes désossées, sauce aux raisins, arrivent le Sassella 1929 et le Marques de Riscal 1964. Le Sassella est une curiosité que j'avais envie d'ouvrir, mais sans grandes attente. Je ne sais rien de ce vin et malheureusement il ne nous a pas appris grand-chose. Le vin est très clair. Le nez est fortement marqué par des notes d'acétone. La bouche survit quelques minutes, mais tombe rapidement dans une forte acidité. Je remercie mes convives d'avoir accepté ce vin malgré ses nombreux défauts. Heureusement le Rioja se présente comme un Grand d'Espagne. La robe est noire, profonde. On retrouve au nez tout ce qui fait le charme des vins de la Rioja en plus fin, plus subtil. La bouche est grande, bien structurée, elle ravi le palais. Les deux bordeaux accompagneront un carré de veau servi avec une sauce au foie gras magnifique. Le Château Soutard 1945 fait bien son âge. La robe est légèrement tuilée. Le nez est beau, avec de belles notes de cuir, de sous-bois. En bouche il est complexe, riche. Un merveilleux 45. Le Château Gruaud-Larose est fringant malgré ses 40 ans de bouteille. On dirait de l'encre dans le verre. Le nez est assez strict, droit. En bouche le vin est superbe, mais il nous dit aussi qu'il vaut peut-être la peine de l'attendre encore un peu. Affaire à suivre. Pour le dessert, un parfait glacé tropical, c'est le Château Lafon, contigu à Yquem, Haut-Sauternes 1967 qui arrive sur la table. Il a tout d'un grand Sauternes. Il faut dire que son étiquette précise qu'il profite du même terroir que son célèbre voisin Yquem. La robe ambrée brille de mille feux. Le nez est très agréable et c'est des notes de raisins de Corinthe qui nous assaillent. En bouche il s'offre sans aucune lourdeur. Une belle acidité lui donne une fraicheur très agréable. Ce fut une soirée magnifique. Les vins ont comblé les convives et hormis le Sassella, ils ont tous été à leur plus haut niveau. Il faut également noter la qualité de la cuisine et du servie de l'Hôtel Mirabeau. Les prochain diners s'annoncent magnifiques…