J'arrive vers 17h pour l'ouverture des vins. Mon beau-père m'a proposé faire quelques prises de vue de l'ouverture des bouteilles. Tout se passe bien, les bouchons viennent facilement et les odeurs sont engageantes. Sauf celle du porto australien, mais comme je n'ai aucune expérience de porto aussi âgés et encore moins de porto australiens, je décide que l'oxygène fera son effet d'ici quelques heures. Je ne suis pas très bien depuis le début de l'après-midi, mais je mets ça sur le stress de la soirée. Tous les convives arrivent à l'heure; nous serons huit autour de la table. Le menu sera le suivant:

 

 

 

Terrine de brochet, sauce vierge aux

écrevisses

Arvine – Cave du Prieuré (Suisse) – 1976

 

Dodine de canard au poivre vert,

oignons rouges, miel de sapin

Hermitage - Chapoutier (France) - 1969

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Château Musar (Liban) – 1990

 

Filet de bœuf sauté au poivre mignonette,

au thym et à la moelle,

pommes de terre Pont-Neuf au Parmesan

Zinfandel – Ridge Vineyard (USA) - 1978

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Barbaresco Riserva – Borgogno (Italie) – 1978

 

Moelleux au chocolat et sa glace vanille

Vintage Port – Seppelt (Australie) – 1944

 

 

 

 

L'arvine 1976 embaume notre table. Elle sera plus qu'à la hauteur. Précise, fraîche, avec de belles notes d'agrumes, elle a une belle longueur en bouche. Elle se plait bien sur un petit amuse-bouche d'aubergine et parmesan ainsi que sur la terrine de brochet. Viennent ensuite les 2 bouteilles que j'attendais le plus. Malheureusement le Musar est très décevant. Court, sans grande personnalité, il me déçoit beaucoup. Il n'est pas aidé par l'Hermitage qui lui est brillant. Profond, dense, il désarçonne même une des participantes qui le trouve vraiment trop puissant. En bouche il est velouté avec de belles notes d'épices et de fruits noirs. La dodeline de canard est excellente, mais elle met à mal mon estomac. Ce que je prenais pour du stress est en fait une gastro, qui va m'empêcher de profiter des vins suivants. Le Barbaresco et le Zinfandel sont les héros de la soirée puisqu'ils obtiennent tous les suffrages. Mais la révélation de la soirée c'est la Para liqueur de Seppelt, porto australien de 1944. Il faut savoir que jusque dans les années 70 l'Australie était renommée principalement pour ses vins muté et nous avons ici une belle démonstration de leur savoir-faire. A l'ouverture le nez était très désagréable, marqué par des notes de vernis ou de goudron. Le vin, bien que troublé par les dépôts, est rouge sang, d'une forte densité de couleur. Les quelques heures d'aération ont estompées l'odeur de goudron qui est un peu plus discrète. Le vin est entêtant. La bouche est lourde, chaude, chargée en alcool. Après plusieurs secondes des notes confiturées ressortent accompagnées de touches de raisins de Corinthe. Vin atypique, puissant mais bien équilibré, il est doté d'une immense longueur en bouche. La soirée fut de nouveau magnifique, les vins ont été plus qu'à la hauteur est ont montré encore une fois tout le plaisir que peuvent apporter ces vieux millésimes.