16 novembre 2010:

 

Second diner

 

Je suis stressé à l’idée de ce deuxième repas. La présence d’un journaliste et de plusieurs personnes qui s’y connaissent très bien en vin me met un peu la pression. J’arrive à l’hôtel vers 16h30 pour ouvrir les bouteilles. Malgré un petit accident, tout ce passe bien, les bouchons sortent sans trop de problème. La surprise vient du Château Siran 1922. J’ai acheté cette bouteille lors d’un déstockage et au vu du niveau dans le goulot et l’état de la bouteille et de l’étiquette je me suis demandé s’il s’agissait d’un reconditionnement au château. J’en ai eu la confirmation en ouvrant la bouteille. Le bouchon indique « rebouchée en 1988 », mais c’est en voyant l’année que je me frotte les yeux. Le bouchon indique « 1914 », l’idée de boire un vin vinifié durant la première guerre mondiale me réjouis. Je me promène sur les quais avant de donner les dernières indications au maître d’hôtel. Le menu est le suivant:

 

Champagne de Montpervier – 2004

 

Tagliatelles aux champignons des bois

Champagne Laurent-Perrier – Grand Siècle – 1990

 

Terrine de chevreuil aux cornes d’Abondance,

chutney de courge et oranges amères

Château Mouton Baron Philippe – Pauillac - 1964

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Château Siran – Margaux – 1922

 

Filet de bœuf et son escalope de foie gras,

sauce à l’huile de truffe,

pommes de terre château et légumes

Clos de la Roche – Domaine Arlaud - 1976

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Chambertin – Domaine Damoy – 1959

 

Tarte Tatin

Sauternes – J. Petit-Laroche & Co - #1940

 

 

 

 

 

Tout le monde est là à l’heure et c’est avec une coupe de champagne de Montpervier 2004 que nous commençons la soirée. C’est un clin d’œil car ce champagne vient d’un Hard-discounter. Il est agréable au premier abord, même si les notes de pomme un peu trop présentes et un dosage un peu trop marqué le rendent un peu écœurant. Nous passons à table et c’est le champagne Laurent-Perrier Grand-Siècle 1990 qui nous est servi. On entre de plein pied dans la cour des grands. Le nez est toasté, avec quelques notes crayeuses. La bulle est bien présente. C’est un magnifique champagne qui se marie assez bien avec les tagliatelles aux champignons des bois. Nous passons ensuite aux deux bordeaux. Le château Mouton-Baron-Philippe 1964 est le voisin du 1er grand cru classé Mouton-Rotschild, il en a d’ailleurs longtemps accueilli les chais. D’abord nommé Mouton-d’Armailhacq, il entre dans le classement des vins de bordeaux comme 5ème cru. Il devient propriété du Baron Philippe de Rotschild en 1934. de 1956 à 1988 il portera le nom de Baron- Philippe puis celui de Baronne-Philippe. Depuis 1989 il porte le nom de Château d’Armailhac. On nous sert en même temps le Château Siran 1914/1922. On prendra comme date de référence la date inscrite sur le bouchon donc 1914, mais un doute subsiste. Château Siran est un cru bourgeois de l’appellation Margaux. Il n’est pas présent dans le classement de 1855 pour la simple raison qu’aucun vin n’avait été présenté. Les deux robes sont belles. Au nez le Mouron-Baron-Philippe est très agréable, mais c’est le Siran qui me charme le plus. C’est un très beau vin doté d’une belle longueur en bouche. C’est le plus vieux vin que j’aie goûté jusqu’à présent. L’accord avec la terrine de chevreuil se fait, sans plus. Viennent ensuite les deux bourgognes. Chambertin 1959 du domaine Damoy et Clos de la Roche 1976 du domaine Arlaud. Le nez du Clos de la Roche est fermé. Il lui faudra une dizaine de minute pour s’ouvrir. Assez strict, il ne me séduit pas vraiment. Le nez du Chambertin est bluffant. A l’aveugle j’aurai misé sur un vieux blanc doux. Il a des notes de coings qui surprennent un peu, mais dans l’ensemble son message me plait bien. Le filet de bœuf et superbe et se marie très bien avec le Clos de la Roche. C’est finalement un château Climens 1998 qui est servi avec la tarte Tatin. Très fermé, il lui faudra beaucoup de temps pour donner un timide message. Je suis un peu déçu. J’attendais plus de ce vin à l’immense réputation. Le diner se termine dans la bonne humeur. Tout le monde a été séduit par le message de ces vins anciens, ce qui me réjouit parce que c’est le but que je poursuis.